Si la toile est un médium particulier, la voici qui se met en image, figurée et déconstruite. Sur fond d'ouverture ou de profondeur abstraite, le dessin illusoire s'impose comme problématique, mais aussi comme guide.
L'arrière plan de cette forme, plus ou moins figurative, est ici affirmé comme objet. L'objet est artifice, vernis, pris au sérieux.
Cependant, à part entière, il agit aussi comme profondeur illusoire et écran paranoïaque artificiel auquel le dessin, superposé, vient créer un détachement avec l'approche contemplative. L'introduction de la perspective vient d'abord déstabiliser la planéité matérielle de la toile pour ensuite évoquer un discours sur la troisième dimension.
Cette dimension, figurative, évoque le langage plastique d'une toile blanche et incite également à l'illusion d'une forme post-minimaliste. Outre les lignes obliques qui accusent la perspective, le cercle noir au centre de la figure blanche représente un élément important figurant comme "trou" dans la surface. Ce dernier n'a recours qu' à une simple illusion d'optique, complète, créée par la bidimensionnalité. Cette problématique de la troisième dimension picturale peut éventuellement faire référence à notre propre environnement concret. Ce serait par le concept de l'idée que la forme s'inscrit dans l'espace qu'occupe l'objet-artifice vernis et sérieux.
D'une facture ébauchée, les traces blanches qui s'échappent de la forme exposent leur propre matérialitée, liant l'illusion à la réalité. De la scène à la mise en scène.
Tout ce rapport avec l'image devient toutefois dénaturé dans le cadre de l'image cybernétique. Faisant face à une représentation numérique, l'approche de l'objet se transforme, celui-ci étant devenu une image qui devient elle-même une idée*.
Cette idée occupe-t-elle un espace tangible?
Ou ne retroune-t-elle pas d'où elle est né, dans l'imaginaire.
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* Kosuth, "Art After Philosophy" l'art conceptuel, une perspective, catalogue d'exposition, Paris, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, 1989, p.236-241